AAIQ   L'Association des Allergologues et Immunologues du Québec

La spécialité d'immunologie et d'allergie


En quoi consiste la spécialité d’immunologie et d’allergie?

La spécialité d’immunologie et d’allergie s’intéresse à la réponse immuno-inflammatoire et à ses répercussions cliniques. La réponse immuno-inflammatoire sert à se protéger contre les infections et jusqu’à un certain point contre le développement de certains cancers. Le système immunitaire est un peu comme une armée, avec des sentinelles installées en surveillance constante, et prêtes à réagir en première ligne de défense, et à aviser rapidement d’autres bataillons défensifs plus spécialisés en cas d’attaques plus agressives.

On peut théoriquement distinguer deux types de réponse immuno-inflammatoire:

  • La réponse inflammatoire innée quand seules les cellules et protéines responsables de la réponse inflammatoire entrent en action: en font partie les cellules épithéliales, les phagocytes (neutrophiles, macrophages et monocytes, éosinophiles), les cellules dendritiques, les mastocytes, les cellules tueuses naturelles (NK) et les cellules lymphoïdes innées, et les protéines du complément.
  • La réponse immuno-inflammatoire acquise, quand les cellules responsables de la réponse immune entrent en action dans le but d’amplifier la réponse inflammatoire (lymphocytes B et T). La réponse immune acquise se développe en deux avenues:
    • La réponse humorale médiée par la fabrication d’anticorps par les lymphocytes B (IgM, IgG, IgA et IgE)
    • La réponse cellulaire médiée par les lymphocytes T: il existe plusieurs types de cellules T

L'immunité normale et protectrice

Une fois que notre armée a réussi à vaincre un adversaire, les lymphocytes gardent en mémoire les renseignements sur l’agresseur en question, de telle sorte que si celui-ci se présente à nouveau, la réaction sera plus rapide et plus efficace. Grâce aux vaccins, on peut informer notre armée sur l’agresseur en question, sans risque d’infection, de telle sorte que si l’agresseur se présente en personne, notre armée est déjà préparée à être efficace plus rapidement et efficacement. C’est ce qu’on appelle être immunisé.

Le système immunitaire peut aussi nous occasionner des troubles de deux façons: soit en ne fonctionnant pas suffisamment: on parle alors de déficit immunologique; soit en fonctionnant de façon inappropriée: on parle alors d’hypersensibilité.

L’immunopathologie

Les déficits immunologiques

Ceux-ci peuvent être primaires, souvent reliés à un déficit génétique hérité ou nouvellement acquis (on parle alors de mutation). Il existe une multitude de syndromes de déficit immunologiques primaires.

Ils peuvent aussi être acquis:

  • Suite à une infection comme une rougeole, qui occasionne un certain déficit immunologique temporaire, ou comme le VIH, responsable d’un déficit progressif et non réversible jusqu’à maintenant, mais qu’on peut ralentir avec les traitements actuels.
  • Suite à une maladie systémique, tels un diabète ou une insuffisance rénale, qui rendent nos cellules défensives non efficaces.
  • Suite à un dysfonctionnement des cellules sanguines secondaire ou traitement avec les agents immunsuppressants:
    • À un cancer des cellules sanguines: dysplasie médullaire, leucémie ou lymphome.
    • À une aplasie médullaire.

L'hypersensibilité

Cependant, quand il y a une bataille, même si l’on vainc son adversaire, il y a toujours plus ou moins de dégâts collatéraux: c’est ce qu’on appelle l’hypersensibilité: par exemple, quand on se défend contre un microbe, telle une tuberculose, les cellules inflammatoires ne détruisent pas seulement les bactéries, mais aussi une partie du tissu avoisinant, laissant un tissu cicatriciel une fois la bataille terminée. Chaque type d’infection est associé à un certain degré d’hypersensibilité.

Dans certains cas cependant, l’hypersensibilité est gratuite, car elle n’est pas associée à une défense contre un agresseur. On peut parler de deux types d’hypersensibilité:

  • L’hypersensibilité innée, n’impliquant pas la participation des lymphocytes, regroupant les syndromes autoinflammatoires, qui sont caractérisés par une réaction excessive du système immunitaire inné, chez des gens génétiquement prédisposés.
  • L’hypersensibilité acquise, impliquant alors la participation des lymphocytes. Le Dr Bellanti a séparé en 3 sections ce chapitre:
    • L’allergie, quand l’allergène est une molécule n’appartenant pas à l’espèce humaine, tel un pollen, un allergène d’animal, un aliment, un produit cosmétique ou un médicament.
    • Le rejet de greffe, quand l’allergène provient de l’espèce humaine, tel un rein, un foie, un cœur, un poumon ou un autre organe.
    • L’autoimmunité, quand l’allergène appartient à l’individu même: on parle alors d’autoimmunité dirigée contre un seul organe (diabète de type 1, thyroïdite autoimmune, thrombocytopénie autoimmune, etc.), ou d’autoimmunité plus généralisée (lupus, sclérodermie, arthrite rhumatoïde, etc.).

Qui sont les spécialistes en immunoallergologie?

Les spécialistes en allergologie et immunologie sont des médecins, qui après le cours de médecine ont fait 5 années de formation en spécialité: 3 années en médecine interne ou en pédiatrie, suivi de 2 années en allergologie et immunologie, et parfois plus.


Références:

Bellanti JA. Immunologically mediated diseases. Dans: Bellanti JA. Immunology III,Saunders 1985:346-446.

Properties and overview of immune responses. Dans: Abbas AK, Lichtman AH, Pillai S. Cellular and molecular immunology,10è éd,Elsevier 2022:1-11.

Jutel M, Agache I, et al. Nomenclature of allergic diseases and hypersensitivity reactions: adapted to modern needs: an EAACI position paper. Allergy 2023;78:2851-2874.

Krainer J, Siebenhandl S, Weinhäusel A. Systemic autoinflammatory diseases. Journal of Autoimmunity 2020;109:1-10.

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André Caron, MD FRCPC, allergologue et immunologue

Mise à jour 09/2024